Aller au contenu
Accueil » Articles » Les fascias dans le système de la douleur

Les fascias dans le système de la douleur

Les fascias se trouvent partout dans le corps et tapissent la totalité de nos organes, muscles et tendons. D’ailleurs si une gêne ou une douleur apparaît, cela aura un impact sur un fascia situé autre part dans le corps. Ils peuvent donc interagir entre eux d’un endroit du corps à un autre comme une toile d’araignée qui va bouger à la moindre tension mise sur l’un des fils. Les fascias sont méconnus du grand public, il est alors important de présenter ce qu’est un fascia, à quoi il sert et comment il peut entrer en jeu dans le mécanisme de la douleur.

Qu'est-ce que les fascias ?

Les fascias sont des tissus conjonctifs présents dans tout le corps. Ils se situent sous la peau et plus profondément, enveloppent les muscles, les organes, les tendons et soutien les os. Ils sont reliés de notre tête à nos pieds par un réseau de fibres. Tout est en continuité !

Les fascias représentent un seul et même organe. En effet, en 2015 lors d’un congrès international de la recherche sur les fascias, l’ensemble des fascias a été appelé le « système fascial ». 1

Etant donné que les fascias recouvrent tous les tissus et les organes du corps, il existe plusieurs types de fascia selon leurs emplacements. Il y a le fascia :

  • superficiel = directement situé sous la peau, il est constitué de couches de collagènes et de fibres élastiques.
  • profond/musculaire = entoure la gaine des tendons et des muscles du squelette.
  • viscéral = il est lié aux organes et lui donne leur forme. Il aurait un rôle possible dans la proprioception (perception de la position du corps dans l’espace), ainsi qu’à la coordination des mouvements et la douleur.
  • neural = c’est une couche de méninges (ce qui entoure le cerveau) et de tissus conjonctifs qui enveloppent les nerfs. 1
Fascias - Sellem Ostéo - Ostéopathe Paris 3

Etude anatomique sur les fascias

De multiples études ont montré que l’épaisseur du fascia musculaire semble varier en fonction de son emplacement anatomique, de l’indice de masse corporelle (IMC), de l’âge et de l’état de santé de l’individu. Mais aussi les variations hormonales comme la ménopause.1

En 2011, une étude a été réalisée sur deux groupes de patients. Dans un groupe, les patients étaient atteints de douleurs lombaires chroniques ; dans l’autre les patients n’avaient aucune douleur lombaire.2  Le principe a été de mesurer l’épaisseur du fascia thoraco-lombaire (le grand fascia du situé en bas du dos) et la rigidité des fibres entre elles par ultrasons (échographie). D’après les résultats, chez les patients sains, les fibres des deux couches des fascias sont capables de glisser les uns sur les autres sur 75% de leur longueur. Mais chez les patients atteints de douleurs chroniques cette capacité tombe à 50%.

L’enraidissement des fascias compromettrait donc la souplesse et l’élasticité des tissus entrainant une douleur localisée.

A quoi servent les fascias ?

Grâce à plusieurs études faites au fil des années, les fascias joueraient un rôle :

  • neurologique
  • dans la perception du corps
  • dans la transmission de la force
  • au sein de la cicatrisation

Les fascias sont composés : d’eau, de protéoglycanes (protéines faites de glucides) et de tissus conjonctifs. Ils sont aussi constitués de fibroblastes (cellules principales du fascia) qui produisent du collagène. Le collagène est la protéine la plus abondante du corps humain ; il confère au soutien, à la rigidité, à la résistance et à la cicatrisation du tissu conjonctif.

Fibroblastes - Sellem Ostéo - Ostéopathe Paris 3
Fibroblastes et collagènes - Sellem Ostéo - Ostéopathe Paris 3

Les fibroblastes produisent aussi de l’acide hyaluronique. Cet acide hyaluronique (A.H) se trouve entre les couches du fascia profond. Il capte l’eau et l’accroche à lui. Ainsi s’il n’y a pas assez d’Acide Hyaluronique, le tissu devient rugueux et cassant (comme une serviette éponge rêche).

Une étude a montré « des changements dans la composition de fibre de collagène, dans les fibroblastes » chez des patients ayant eu un traumatisme physique (un choc).3

On peut en déduire que la composition des tissus et leur « état de santé » sont dépendants de l’environnement du patient. Dans ce cas l’inverse serait aussi plausible : les tissus eux-mêmes peuvent causer des tensions et/ou des douleurs, nuisant alors la qualité de vie de l’individu.

Comment les fascias peuvent-ils contribuer à nos maux ?

Le rôle neurologique des fascias nous permet en grande partie de comprendre comment ils peuvent interférer dans le système de la douleur. Il faut savoir que les fascias représentent un organe de la perception des plus sensibles car il contient des récepteurs de la douleur.4

Fascia douleurs - Sellem Osteo - Ostéopathe Paris 3

Les informations de la sensibilité (le fait que nous sentions sur notre peau lorsque quelqu’un ou quelque chose nous touche) sont transmis au cerveau par les nerfs. Les nerfs ont comme fonction d’innerver la peau, les muscles et les organes du corps. « Les fascias sont densément innervés »4. Seulement, à cause de cela, ils peuvent être la source indirecte de nos maux car dans certains cas la douleur ne prend pas le chemin des nerfs vers le cerveau, mais emprunte le chemin des nerfs vers les fascias.

Ceci est appelé « douleur projeté », c’est-à-dire que nous avons mal à un endroit donné mais la véritable origine de cette douleur ne se trouve pas là. C’est pour cela qu’en ostéopathie, grâce à nos connaissances de l’anatomie, nous faisons des liens et nous nous attardons souvent sur une autre zone du corps que celle du motif de consultation.

Quelles solutions ?

Comme vous l’auriez compris, les fascias sont souvent la cause de nos maux. Toutefois, les fascias peuvent aussi nous servir à les soulager. Il existe plusieurs manières d’utiliser notre fascia à bon escient. 

Le sport et les étirements :

En effet, des chercheurs allemands ont prouvé que le sport est essentiel aux fascias. Ils ont décrit que le manque d’activité physique créé un accroissement des tissus conjonctifs et donc entraine une perte des fonctions de notre corps (plus particulièrement les fonctions de nos tendons et de nos fascias).5  Pour que nos fascias ne s’enraidissent pas et ne nous créaient pas de douleurs, il leur faut une stimulation régulière.

D’autres études montrent que l’activité physique et les étirements :

  • diminuent le collagène
  • permettent une cicatrisation plus rapide
  • augmentent la taille des fibroblastes, ce qui entraine l’envoie des signaux de leurs cellules jusqu’aux tissus pour qu’ils se relâchent.

L’étirement ainsi que l’acupuncture ont un effet relaxant sur les cellules et les adhérences tissulaires, y compris en cas de maux de dos. Cela serait dû au fait que les fibroblastes à proximité de l’aiguille réagissent à cette manœuvre.
L’idéal serait alors de pratiquer un effort physique intense puis de se reposer deux à trois jours.

Le stress et les émotions :

Avant tout il a été prouvé scientifiquement que des messagers chimiques (les TGF) réagissent au stress au sein des tissus fasciaux.
Ceci signifie que le stress et les émotions ont alors un impact sur les fascias et donc sur les tensions et douleurs qu’elles entrainent, ce de manière progressive et durable.

Pour contrecarrer l’arrivé de ce stress dans les fascias plusieurs solutions s’offre à vous :

  • Le yoga
  • La méditation
  • L’hypnose

Ainsi que d’autres pratiques visant à réduire les tensions et les angoisses du quotidien.

Les cannabinoïdes :

Cannabis médical - Sellem Ostéo - Ostéopathe Paris 3

En plus de tout cela, d’autres processus chimiques siégeant dans les fascias concourent à la réduction de la douleur. En 2016, des chercheurs italiens ont découvert que des récepteurs endocannabinoïdes (des récepteurs aux cannabinoïdes déjà présent dans notre corps) se trouvent dans les fibroblastes des fascias.

L’hypothèse de « la présence de ces récepteurs pourrait aider à […] mieux expliquer le rôle des fascias en tant que modulateur de la douleur et l’efficacité de certains traitements fasciaux »6 telles que les thérapies manuelles.

« En effet, les récepteurs endocannabinoïdes des fibroblastes fasciaux peuvent contribuer à moduler l’enraidissement (fibrose) fascial et l’inflammation ».6

Par conséquent la stimulation des fibroblastes, par le biais de la thérapie manuelle comme les techniques douces (fonctionnelles) en ostéopathie, pourrait entrainer une production plus élevée d’acide hyaluronique mais aussi d’endocannabinoïdes dans nos fascias.

L’ostéopathie

L’apport d’une thérapie manuelle serait alors intéressant vis-à-vis des fascias. 
Cependant, les recherches ne s’arrêtent pas ici. En effet, en ostéopathie nous employons des techniques douces appelées « techniques de fascias ». Dans le monde médical on appelle ces techniques « manipulations fasciales ».

Pour conclure, des scientifiques italiens ont mis en évidence que la manipulation fasciale […] rétablit le mouvement restreint des fibres de collagène et d’élastine […]. La friction manuelle pourrait moduler l’état de l’acide hyaluronique et le passé de l’état de « gel » à « fluide », améliorant ainsi la mobilité fasciale et réduisant ainsi la douleur.7

Ainsi les techniques de fascia en ostéopathie (entre-autre) peuvent améliorer l’état des fascias et redonner une certaine mobilité au corps. Ceci afin de l’aider au mieux à faire face aux différentes douleurs qui peuvent se manifester au fil du temps. Nous espérons que plusieurs études seront capables de nous apporter des réponses à ce sujet.

Sources